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NUMERISATION DU PATRIMOINE FILMS

jun 21st 2010, 21:38

 ALVOS Films est aussi spécialisée dans la numérisation de films 16mm, 35mm, voire 8mm, Super8... et même 9,5mm.  Films prestigieux d'Henri Storck... ou oeuvre filmée d'un cinéaste amateur, c'est toujours un sauvetage !


L'article paru, sous la plume de Dominic Daussaint, pour l'Association des Archivistes Francophones de Belgique aborde cette spécifité :

 

Extrait de INFO-AAFB n°8 (octobre 2009) 

Je m'appelle Auguste.

Né à l'aube du premier conflit mondial, je me suis éteint en même temps qu'une croisade pétrolière dans les pays du Golfe.

Étrange : deux guerres encadrent ma vie.

J'ai pourtant vécu simplement, comme tout le monde : service militaire, mariage, Congo, enfants… la vie quoi !

Une grande passion m'habitait : l'image filmée…

Je fus ainsi le témoin passif de grands et petits événements. J'ai tout filmé : le corso fleuri de 1930, ma rue dévastée par les bombardements, les jeux de la kermesse du village d'à côté, mon voisin fermier et Gamin, son percheron qui labourent… Alphonse, le vieux boulanger qui prépare sa fameuse tarte au riz, la vie quotidienne à Léopoldville… ma vie, quoi !

Autant de traces qui, désormais, s'endorment ici, abandonnées au coin d'un grenier, dans des boîtes rouillées, recouvertes d'une belle couche d'oubli.

Oui je suis mort en 1990, officiellement… mais depuis, je suis encore mort cinq fois, un peu plus chaque fois que mes précieuses archives ont changé d'adresse. Un sombre dimanche, mes films se sont même retrouvés sur un tapis, dans une rue improbable, au milieu de bric et de broc… dispersés, perdus, jetés.

À chaque déplacement, j'étais encore un peu plus oublié.

Alors si, comme on le dit souvent, nous restons vivant tant que quelqu'un pense encore à nous, c'est certain, moi, je suis mort tout à fait !

 

Ce témoignage s'est imposé à moi. Je le restitue d'une traite, en écriture automatique.

 

C'est l'occasion de s'intéresser à ce cinéma de passionnés qui nous ont laissé une trace de la petite histoire mais aussi, bien souvent de l'Histoire majuscule, celle dont ils furent souvent les figurants anonymes.

 

Les formats amateurs ou, selon une expression un peu condescendante, les formats « sub-standards » se résument aux 9,5mm, 16mm, 8mm, Super 8mm… des millimètres liés à la largeur des pellicules.

 

Auguste les a tous connus, depuis le premier : le 9,5mm. En effet, c'est en 1923 que son père lui offre sa première caméra à manivelle, une Pathé et, du coup, lui inculque le virus du cinéma d'amateur.

 

Populariser l'accès du cinématographe au plus grand nombre est une idée aussi ancienne que le cinéma lui-même. Pas la peine de songer au 35 mm, destiné aux professionnels et omniprésent dans les salles : la pellicule est trop chère et le matériel trop encombrant pour l'amateur.

Une solution : diminuer la largeur du film pour réduire les coûts et l'encombrement du matériel. C'est ainsi que le 9,5mm s'impose auprès du grand public. 9,5mm, c'est trois bandes découpées dans une pellicule 35 mm.

Originalité : une perforation centrale, entre les images, et non pas sur les côtés, pour d'optimiser la qualité de l'image en utilisant toute la largeur de la pellicule.

 

L'histoire du cinématographe débute par un conflit entre la France et les Etats-Unis : Edison et Lumière revendiquent chacun la paternité de l'invention…et c'est une interminable bagarre de brevets qui débute. La lutte se poursuit sur le marché des amateurs, entre le 9,5mm français de Pathé et le 16mm américain de Kodak. Kodak prône une largeur utile de l'image plus grande. Pathé fait valoir que son format coûte deux fois moins cher. Kodak rétorque que la perforation centrale du 9,5 mm déchire la pellicule alors que la largeur du format 16mm offre une qualité d'image et un grain bien supérieur.

 

Au milieu des années '30, Auguste opte pour le 16mm et fait l'acquisition d'une caméra Bell & Howell. Un petit bijou qui fait la jalousie du quartier et avec lequel il immortalise tout à la fois la commémoration de la mort du Roi Chevalier et l'installation de la TSF au bistrot du village.

 

Puis c'est la crise… Aux Etats-Unis, les cinéastes amateurs ne peuvent plus s'offrir le 16mm. On songe alors à un format moins cher mais aussi de moindre qualité : le 8mm. L'idée est ingénieuse : au départ de la pellicule 16 mm, la prise de vue se fait d'abord sur la partie droite, puis, en retournant le film, sur la partie gauche. Au développement, le film est coupé en deux dans la longueur et les deux moitiés assemblées bout à bout.

Ensuite, le Simple 8 évitera cette manipulation qui devait s'opérer à l’abri de la lumière.

 

Dans les années '50, Auguste passe au 8mm. Sa caméra, plus compacte, moins lourde, lui autorise plus de souplesse. Et puis, c'est moins cher ! Argument de poids alors qu'Auguste doit faire face à des déboires financiers liés à son retour du Congo.

Mais la vie avance et la caméra d'Auguste filme avec passion tous les petits événements qui bordent l'Expo '58, des vacances en France sur la Nationale 7, chère à Charles Trenet…. puis aussi les coulisses des événements au Congo belge…

 

Attiré par la nouveauté et conquis par le bagout de son revendeur photo-ciné, Auguste passe au Super 8mm dans les années '70.

C'est que le revendeur, passionné, lui, par le marketing de Kodak, a bien appris sa leçon : il faut vendre ! Les arguments ? Une diminution de la surface des perforations du Super 8mm optimise la qualité de l'image d'un film plus sensible : on peut filmer à la lumière des bougies du gâteau ! Et puis la pellicule, scellée dans sa cassette, c'est tellement facile à charger.

Auguste travaille alors à Bruxelles. Il en profite pour immortaliser, tout à la fois, les manifestations des agriculteurs furieux qui dévastent la capitale et les autoroutes livrées aux vélos à l'occasion de la crise pétrolière. Des images marrantes et sympas en décalage total avec la situation internationale. C'est aussi ça, l'histoire avec un petit « h ».

 

Derniers tours de manivelles pour un Auguste fatigué : des images de sourire et de larmes… le résumé de toute une vie qui, comme pour nous tous, mélange joies et tristesses.

Un 29 mai, Auguste est au Heysel. Il ramène des images de supporters hilares, bières et de frites. Rien de dramatique sur ces images, non ! Juste l'antichambre d'une tragédie.

Cette même année aussi, des images du vieux maréchal-ferrant qui, une dernière fois, pare la corne d'un étalon. Belle complicité entre le vieux bourru plein de sagesse et l'animal impétueux.

Dernières images. Dernière bobine. Dernier témoignage. Une boîte au fond d'un grenier.

 

 

quelques formats de pellicules filmsComme tous les films d'amateurs, ceux d'Auguste sont intéressants à la fois pour la valeur de l'objet lui-même puis parce qu'ils contiennent de riches informations anthropologiques.

 

Les récits ne sont pas seulement anecdotiques. Ces films recèlent l’essence de leur époque, une parcelle d’histoire. Chacun d'eux est une pièce unique dont il faut protéger la fragile existence, notamment en numérisant leur contenu sur un support vidéo ou un disque dur, ensuite en veillant à la bonne conservation de la pellicule.

La numérisation d'un film sur un support vidéo passe par un télécinéma pour transformer l'image film en signal vidéo.

Attention, exhumer une pellicule n'est pas sans danger car chaque passage d'un film ancien dans un projecteur peut entraîner des dommages irrémédiables. Il faut donc confier ses films à un prestataire professionnel. D'autres, peu scrupuleux, n'hésitent pas à filmer un écran avec le caméscope familial. Le un résultat s'avère souvent peu convaincant : battements lumineux, pompage à chaque changement de plan, images saccadées…

 

Un télécinéma idéal numérise le film image par image et garantit une mise au point parfaite et une très grande stabilité de l'image.

Bien sûr, faut-il rappeler qu'on ne jette pas un film après l'avoir numérisé ? À ce jour, aucun système vidéo, digital ou analogique, ne prétend à une durée de vie supérieure à un film argentique, lequel, conservé dans des conditions optimales, peut vivre plus de cent ans.

 

Alors, si, par hasard, quelqu'un récupérait les films d'Auguste, qu'il veille bien à les conserver dans les meilleures conditions possibles.

 

D'abord, un état sanitaire des films s'impose…

 

Une odeur de vinaigre ? Le fatal syndrome du vinaigre, c'est la cellulose en décomposition qui produit de l'acide acétique. Il s'évapore et entraîne une destruction totale et inévitable du film en quelques années. Un manque d'aération, une forte humidité ambiante et, surtout, une température élevée peuvent déclencher ce processus.

 

Avec les années, un film peut aussi se rétracter, devenir cassant ou collant. Il faudra alors faire appel à des spécialistes de la restauration et éviter de le manipuler, au risque de provoquer des dégâts irréversibles.

 

La couleur des films peut aussi se dégrader avec le temps. Ils deviennent roses. Un phénomène irréversible qui peut être pallié par une conservation à basse température. Si le problème n'est pas trop grave, il pourra aussi être corrigé lors d'un transfert vidéo à haute résolution.

 

Une règle de base : les films doivent être conservés dans des conditions stables, à basse température et une humidité basse. Des changements fréquents peuvent, avec le temps, occasionner de sérieux dommages.

 

Auguste avait l'habitude d'emballer ses films dans du papier. Maniaque, il glissait fiches, attaches-trombones, élastiques, buvards… dans toutes ses boîtes. Il faut enlever tout cela ! Le film est une matière vivante qui ne supporte pas les intrus.

 

Les boîtes rouillées doivent immédiatement être éliminées et remplacées. Les boîtes en métal ou en plastique doivent être privilégiées par rapport aux autres matériaux chimiquement trop instables. Quant aux bobines, elles seront parfaitement droites pour ne pas provoquer de déchirures sur les bords. Le bobinage de la pellicule ne sera ni trop lâche ni trop serré pour obtenir une galette aussi plate que possible. À juste titre, Auguste aurait fusillé quiconque tirait sur l'extrémité d'un film pour serrer une bobine !

 

Ayons une pensée pour lui et pour tous ces anonymes qui ont nous laissent un patrimoine inestimable, des images d'un quotidien passé, tout un siècle qui dort aujourd'hui oublié dans nos caves et greniers avec fouines, araignées et chauve-souris pour seules compagnies !

 

 

Dominic Daussaint, Réalisateur

ALVOS Films

 



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